Amoureux du sport que le show-biz footage de gueule laisse froids, rassurez-vous ; nous n'allons
pas ici prétendre à une expertise sur les raisons d'une déroute annoncée. D'autres incompétents s'en chargent à notre place. Comme tous leurs semblables, ces gens-là ont besoin d'un bouc
émissaire pour faire oublier leur... nullitude. Ils n'ont pas eu à chercher très loin. Bien avant que notre pathétique équipe de France ne se ridiculise totalement face à des Mexicains aussi
brillants que basanés, il était déjà responsable de tout, Raymond. Faut dire que patron d'une bande de branleurs milliardaires incultes en short, c'est pas un job de tout repos... Pourtant, le
supporter de base (pléonasme ?) quand on lui en fait trop, il ne correctionne plus, il dynamite, il disperse, il ventile. À sa pogne, il veut le voir, Raymond, et qu'il demande pardon... Ils
n'oublient qu'une chose, tous ces sportifs assis et rassis, c'est que Raymond n'est pas le sélectionneur de l'équipe de France. Il faudrait pour cela qu'existe une équipe de France. Mais c'est
quoi, la France ? C'était quoi ? On a déjà oublié... On n'est plus en France, on est en Sarkozie. Et tout y est nul : la politique, l'économique, le social, mais aussi le cinéma, la musique, la
télé, les journaux. On rétablit même l'esclavage dans l'indifférence générale ! Alors, que l'équipe de Sarkozie et son sélectionneur soient aussi minables que leur nouveau et éphémère pays, c'est
assez logique et ce n'est pas vraiment le plus grave !
Comme en Sarkozie, tout passe par le fric, le prince a délégué auprès de nos 23 trous d'vaincus, une visiteuse médicale talentueuse, celle qui a fourgué à tout un
pays des vaccins contre la peur de la grippe, maladie savamment distillée auparavant par les vuvuzelas du pouvoir qui bourdonnent dans les étranges lucarnes. Histoire de les remonter un
peu... Un diététicien aurait été plus indiqué : quand on voit se traîner le malheureux Anelka, on se dit qu'il faut qu'il arrête avec MacDo !
Il faut donc exécuter le soldat Raymond puisque c'est la volonté des médias et du peuple de sarkozie. Une seule question se pose désormais : comment ? Les
naufrageurs proposent une solution (finale) conforme à la vocation profonde de cette belle entreprise d'abrutissement collectif qu'est la Coupe du Monde de foot : la crucifixion. En effet, la
FIFA autorise les joueurs à pratiquer ouvertement la religion catholique romaine sur le terrain. Vous les avez-vu, ces jeunes débiles, faire ce signe de croix aussi mécanique que déplacé, à leur
entrée sur le terrain, à leur sortie, après un but ou même après un tir raté... Là est le vrai sandale ! Car il ne s'agit pas seulement de naïve et inoffensive superstition, mais de vulgaire
prosélytisme. La religion comme la politique n'ont, paraît-il, rien à faire dans un stade. Et pourtant...
Bref, toute honte bue, l'équipe (restreinte) se réunit pour un repas d'adieu, Ribéry donne un baiser à Raymond. Puis Hortefeux l'arrête (allez savoir si, en plus, il
n'est pas un peu Auvergnat). On lui fait gravir la roche de Solutré en portant Jack Lang sur ses épaules et, parvenu au sommet, on le crucifie entre Kerviel et DSK. Trois jour après, Estelle
Denis trouve son tombeau vide. Il prend son envol vers le paradis des footeux d'où il reviendra pour juger les vivants et les morts. Et on se demandera longtemps si c'était d'une bonne idée
d'avoir transformé notre Raymond en martyr. Faudrait tout de même pas qu'il en profite et pourrisse la vie de toute l'humanité besogneuse aussi longtemps que son illustre prédécesseur !